ce n'est pas triste, c'est juste comme ça...
des soirées en tête à tête avec émile, des week-end sacrifiés, une vie familiale qui tourne autour de lui .
depuis son entrée au C.P., beaucoup d'interrogations de ma part, de celles des instituteurs successifs ("ses résultats sont catastrophiques, il est pourtant intelligent !") et enfin après des délais d'attente de plusieurs mois, les éternels "il y a bien quelque chose, mais quoi ? vous savez il est de fin d'année, c'est un garçon, ça ressemble à une dyslexie mais ce n'est pas ça... des mots ont été enfin posés sur ses difficultés et son mal-être, une dyspraxie couplée avec une dépression !
je me souviens de cette phrase: "maman, j'ai réfléchi, ma tête c'est comme une grande armoire à tiroirs, tout est dedans mais je n'arrive jamais à ouvrir le bon tiroir."
alors, que fait-on ? aucun spécialiste de la dyspraxie dans la région, on ne sait pas très bien comment la traiter, ou tout le moins la compenser, bref la solution thérapeutique personne ne l'a ici.
alors je m'arme de courage et monte au front chaque soir avec lui depuis 5 ans pour essayer d'ouvrir les "bons tiroirs"...
il m'est souvent pénible, difficile de tenir ce rôle de "pseudo- institutrice", et après de longues heures passées à ses côtés, les cahiers enfin refermés et tant de tensions accumulées, de revêtir le manteau de maman...
parfois, lorsque les heures passées n'aboutissent à rien , je craque, et viennent les cris d'exaspération, les gestes violents contenus trop longtemps... juste pour laisser s'échapper un filet d'angoisse, pour reprendre un peu mon souffle !
satanée angoisse qui prend le dessus, satanée solitude et satanée culpabilité ! mais je sais aussi que l'existence n'est pas linéaire, qu' il n'existe pas non plus de mère parfaite...
"alors ? dites mes louloutes, vous ne m'en voudrez pas trop plus tard de vous laisser, seules, gérer votre petite soeur de l'heure du goûter jusqu'à celle du bain, de ne jamais jeter un oeil sur vos devoirs et de subir mes rebuffades lorsque par malheur vous pénétrez dans "notre antre", hein ?"
je n'ai pas la réponse, mais aujourd'hui, en dépit de cette culpabilité qui m'assaille régulièrement, je suis la plus fière des mamans, fière de mon petit garçon, et fière de mes petites filles, et même un peu fière de moi !!!